Les prémices 1977-1982
L’histoire d’Alésia Cosmos semble commencer avec la parution de notre premier album Exclusivo ! , composé et enregistré au début de l’année 1983. Mais avant çà, les membres du noyau dur du futur groupe avaient eu ensemble des expériences artistiques décisives pour la suite.
Vers 1975, Pascal Holtzer et moi-même, Bruno de Chénerilles, nous nous étions rencontrés dans les bars à Strasbourg. Etant photographe à cette époque, Pascal photographiait habituellement les concerts de mon premier groupe de free music Corbo Combo.
Composé à la base de Michel Froehly (guitare électrique, basse) et de moi-même (guitare électrique, batterie, trompette, trombone, bandes, électrophone et tout objet sonore ou instrument trouvé sur place), ce duo de free music très radical se développa dans différentes formations.
Le saxophoniste Dominique Gasser et le violoncelliste Didier Laroche nous rejoignaient pour certains concerts, ainsi que Marie-Berthe Servier (voix) et même le pianiste Ismaïl Safwan.
Même Pascal rejoignit Corbo Combo pour une série de spectacles sous le titre de Vegetabble. Il conçut un slide show très créatif et élaboré sur 2 grands écrans. Les 4 musiciens (Dominique Gasser, Michel Froehly, Marie-Berthe Servier et Bruno de Chénerilles) improvisaient en relation directe avec ses images.
A cette époque 1976-79, une poignée de musiciens improvisateurs jouaient à Strasbourg. Une petite scène locale de musique improvisée tenta d’exister ainsi pendant 3 ans environ autour de Musik Aufhebung, Corbo Combo et avec des musiciens comme Yves Dormoy, Philippe Poirier, Ghislain Muller, Jean-Baptiste Antonioni, Mike Laurent, Dominique Courtadon et d’autres. Une quinzaine de concerts furent organisés par la boutique de disques Tympan Sorcier (Bruno de Chénerilles) sous les appellations Musique Mouvante ou Académie de Musique de Strasbourg (amusant, non ?).
En 1978/79, Corbo Combo en trio (Dominique , Michel et moi-même) eut une autre expérience décisive en composant, improvisant et jouant sur scène dans le spectacle de théâtre de Bernard Bloch. Faust de Goethe était une sorte de quartet de théatre musical free rock qui remplit les salles pour plus d’une quarantaine de représentations en Alsace, en Allemagne et à Lyon.
Après cette tournée, Pascal, Michel et moi formèrent le Hamburger Blues Band pour exprimer nos racines blues. Ce quartet de blues électrique était complété par Mike Laurent à la batterie.
Ici, il faut absolument mentionner un autre point culminant de la musique expérimentale en France. En raison de son caractère local et très court, il est généralement ignoré des spécialistes, mais il est resté inoubliable pour les quelques centaines de spectateurs qui assistèrent à ces 3 concerts en 1979 à Strasbourg et à Saint-Avold (ma ville natale en Moselle).
Sous le nom de Danger, Michel Froehly et moi-même nous performions un duo de guitares électriques très spécial. Accompagnés d’une bande magnétique qui martelait le groove implacable d’une ronéotype ( les photocopieuses n’existaient pas encore ), on ouvrait nos amplis, nos pédales fuzz à fond pour jouer avec des vagues de larsens distorsionnés.
A ce moment-là nous avons probablement inventé ce qu’on allait appeler dans les années 90 la noise music.
Pendant le premier concert à la MJC de la Meinau (Strasbourg), des jeunes sous tension lancaient et cassaient des chaises.
Le 2ème concert de Danger au café-théatre de l’Ange d’Or fut filmé par Pascal Holtzer en super 8 (la vidéo n’existait pour ainsi dire pas encore).
Pour le 3ème à Saint-Avold, il projeta ce petit film sur scène pendant que nous jouions en première partie du groupe français plus connu Atoll. Une quasi-émeute !
Pendant toutes ces années, j’ai composé, écrit et enregistré également quelques pièces de science-fiction pour France Culture. Sous l’influence de William Burroughs, John Cage, Pierre Henry et d’autres, j’ai développé un travail de composition électroacoustique sur bande que j’allais continuer plus tard parallèlement au travail scénique et collectif.
Au tout début des années 80, je faisais quelques apparitions en solo ou en duo avec Frédéric Brunher, alias Jack Nietzsche (contrebasse, basse) sous le nom d’Alésia ou Alésia Cosmos Furi Show.
Ces performances pour guitare, basse, voix, synthé analogique et bandes magnétiques comportaient également des textes et des images. Là je mélangeais quasiment toutes mes pratiques musicales précédentes : chant, blues, images, écriture, impro, rock, électronique et free music.
Ce show expérimental nous conduit étapes par étapes à un projet musical fondé sur mes compositions et celles de Pascal Holtzer qui expérimentait de la même manière de son côté. Les premières traces apparaissent déjà sur la compilation 12 pour 1 édité par le label AYAA de Reims fin 82. Pascal Holtzer y signait une pièce solo Horst Karman. De mon côté, j’y faisais la première apparition discographique sous le nom Alésia Cosmos avec le titre Anniversaire.
Fin 82 également, nous participions à la compilation Sous Paradis avec plusieurs titres créés pour l’occasion par Pascal, Marie-Berthe et moi-même : On the Road Again Memorial 1 à 5, Sweet Angelina lost in Paradise et Udi 14.
L’évènement Sous-Paradis eut lieu quelques mois plus tard en mai/juin 83 au Grand Garage à Strasbourg. Dans l’intervalle Alésia Cosmos enregistrait son premier album Exclusivo ! et jouait ses premiers concerts en mars 1983.
Bruno de Chénerilles
2 Replies to “Les prémices 1977-1982”
Merci pour ces informations importantes pour curieux et émerveillé d’ Alesia Cosmos … Bruno, votre créativité et vos idées tracèrent ainsi un chemin unique devenant marquant pour la musique (expérimentale) française. Des approches autodidactes et mouvementées conduisant vers des productions et prestations électriques.
Votre histoire est peut-être souterraine, mais pour fervent de voyages cosmiques, vous êtes une étoile qui ne cessera de briller.
Une démarche en contre courant, un métier alternatif, et un message subjectif.
Bien à vous,
-L-
Un grand merci pour ton intérêt, Laos. Ce n’est pas fini, je suis en train d’écrire la suite de l’histoire qui nous a menés au 2ème album Aeroproducts. Et pour tous les fans d’Alésia Cosmos, 2018 sera une grande année aussi avec la réédition justement d’Aeroproducts et peut être d’autres surprises …
Alors, abonnez-vous au blog, partagez, likez …
A bientôt !
Bruno