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Planeta – revue sonore des musiques nouvelles

Planeta

Étiquette : magazine

Planeta – la revue sonore des musiques nouvelles – 1984/1986

Planeta – la revue sonore des musiques nouvelles – 1984/1986

Ecoutez le podcast Planeta, la revue sonore des musiques nouvelles :

Interviews, extraits musicaux, concerts : une anthologie de l’undergound musical en 38 épisodes de 15mn environ, plus de 9h au total.
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PLANETA – interviews, montage et mixage par les membres d’Alésia Cosmos : Pascal Holtzer, Marie-Berthe Servier et Bruno de Chénerilles. NB : certains groupes ont participé en créant eux-mêmes leur module.

30 ans après, nous rediffusons ici en podcast l’intégralité de Planeta, la revue sonore des musiques nouvelles (38 épisodes, soit 9h d’audio). Ce podcast est disponible sur ce blog, mais aussi sur Soundcloud, Stitcher, iTunes, Deezer, Podcast Addict et Spotify …

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1984/1985 : Alésia Cosmos en pleine maturation

1984/1985 : Alésia Cosmos en pleine maturation

Après la sortie du 1er album Exclusivo! au printemps 1983, suivie de quelques concerts dans l’est de la France (Strasbourg, Limersheim, Metz) et de la participation des membres à l’évènement Sous-Paradis à Strasbourg en juin de la même année, les membres du groupe se tournent résolument vers des projets consistants. Un service de vente par correspondance de k7 et de disques, une revue sonore pour les radios, des musiques téléphoniques, des musiques d’appartements et un 2ème album.

sur la pochette du coffret Aeroproducts d'Alésia Cosmos

Contrairement à la plupart des groupes underground de l’époque, A.C. s’était structuré dès le départ, dès janvier 1983, en créant l’association Planetarium. Le but était de trouver des financements publics pour ses créations et son activité. Dès 1984, les demandes de subventions publiques trouvèrent un écho favorable auprès notamment du Ministère de la Culture. Dirigé par Jack Lang, il cherchait à soutenir les radios libres écloses dès 1981 un peu partout en France.

Planeta, la revue sonore des musiques nouvelles

Ce projet radiophonique a pu ainsi exister de 84 à 86. Les programmes étaient enregistrés sur des K7. Tout un réseau de radios locales en France les diffusaient . Les reportages dans les festivals, interviews de musiciens, de compositeurs, extraits de concerts et de disques, inédits, étaient montés en modules documentaires de 15 mn chacun. Une parution de la revue Planeta comptait à chaque fois 4 séquences différentes et autonomes, prêtes à être diffusées dans les émissions de musiques nouvelles.
Au total, Planeta produisit 9h de documentaires de 84 à 86 au gré des rencontres, des concerts et festivals. Ecoutez notre réédition (2018) en podcast sur ce blog et sur les réseaux numériques :
le podcast de Planeta

Cette production radiophonique subventionnée mit sur des rails plus professionnels l’association Planetarium. Elle contribua également à renforcer le noyau dur qui portait le groupe, à savoir le trio Marie-Berthe Servier, Pascal Holtzer et Bruno de Chénerilles.

Living Room Music

C’est dans ces conditions que les nouvelles créations se sont concrétisées en 1984 dans la mise en chantier des compositions pour le 2ème album d’A.C., mais aussi sous la forme d’une série de k7 longue durée, les Living Room Music, destinées à servir de décors sonores domestiques. On peut aussi imaginer une réédition numérique de cette série musicale. Pourquoi pas en 2019 ?

Tout en développant son réseau en France et à l’étranger, le groupe avait aussi l’intention de s’implanter plus fortement en Alsace. Il y était souvent considéré par certains dans le milieu artistique et culturel, comme une bande de martiens. Certains responsables culturels avaient plus envie de les voir déguerpir ailleurs pour ne pas avoir à les soutenir (ils se reconnaitront…). Fort heureusement, tous les décideurs n’étaient pas de cet avis et des soutiens précieux permirent de continuer et de consolider ces projets.

Métissages musicaux et action culturelle

Un programme d’actions pédagogiques sur les métissages musicaux, Electroacoustique et Voix put ainsi se dérouler au Lycée Agricole d’Obernai en partenariat avec l’Association Culturelle d’Obernai : ateliers d’initiation, création musicale et concerts.

Alésia Cosmos et Planetarium défendaient déjà à cette époque une double articulation entre le local et le planétaire. Le fonctionnement en réseau de l’underground musical de l’époque donnait un cadre aux réflexions des philosophes Deleuze et Guattari sur le modèle du rhizome, ainsi qu’au concept de Village Global pressenti quelques dizaines d’années plus tôt par le sociologue Marshall McLuhan.

Un rhizome planétaire

Au fond, il s’agissait bien d’un gigantesque rhizome musical planétaire. Les premiers sillons avaient été creusés par les avant-gardes de la première moitié du XXème siècle. Puis, elles avaient été fortement récupérées, institutionnalisées, asséchées et neutralisées après la deuxième guerre mondiale. Et le sursaut de la jeunesse un peu partout dans le monde contre la guerre du Vietnam, contre le vieux monde en général, avait fait ressurgir un rhizome underground dans les années 60. Une réaction contre le rock et la pop très vite marchandisés.

Free jazz, free music, rock progressif, puis punk, musiques industrielles etc… toutes ces nébuleuses musicales plus ou moins subversives étaient donc nées dans l’ère analogique et juste avant la généralisation des médias numériques et d’internet …

Dans ce contexte, les membres d’Alésia Cosmos mirent en chantier leur 2ème album dès la fin 1983. Le premier album avait été entièrement autoproduit, mais enregistré et mixé dans des studios en Alsace et à Paris. Le très petit réseau de diffusion de Planétarium avait permis de vendre 300 exemplaires la première année. Ce résultat et les bons retours de la presse étaient encourageants. Mais le travail de prospection et de réseau avait été très lourd.

Le 2ème album : Aeroproducts

Pour le second album, ils décidèrent de l’enregistrer et de le mixer en installant un studio dans l’appartement de Bruno de Chénerilles en plein centre de Strasbourg. Encore une idée innovante et pionnière. A l’époque, les moyens analogiques, donc assez lourds, laissaient supposer que ce n’était pas possible.

Le matériel fut emprunté à droite et à gauche pour finalement réunir un studio 8 pistes complet. 2 pièces de l’appartement furent mobilisées et insonorisées. La formule permettait, pour un coût proche de zéro, de disposer du studio pendant plusieurs semaines. Donc d’avoir plus de liberté de création.

Enregistrer et mixer entièrement l’album « à la maison » était un challenge. Après avoir observé et expérimenté le travail de studio pour le premier album, mais aussi à Radio France sur plusieurs projets de création radiophonique avec d’excellents ingénieurs du son, les membres du groupe étaient prêts à le relever.

Le noyau dur du groupe prit en main la production. Il ré-invita les deux autres membres du groupe, Pierre Clavreux et Lotfi Ben Ayed sur une grande partie des titres préparés. Une plus grande place était laissée à l’improvisation, avec notamment une série d’impros totales généralement en trios différents.

Ces titres improvisés étaient générés instantanément et sans concertation préalable. Le seul cahier des charges : une durée autour de la minute et un top départ. Le processus donna naissance à plusieurs petites compositions instantanées, mais définitives et au dessin très clair. Elles figurent toutes dans l’album. On peut les prendre facilement pour des compositions plus écrites. La cohésion créative du groupe et particulièrement du noyau dur était à son sommet.

La publication

Au printemps 1984, A.C. mettait ainsi en boîte l’album complet pour le projet de LP, donc deux faces de vinyl. Et à ce stade-là, des pourparlers s’engagèrent avec plusieurs labels mieux implantés qui auraient pu publier l’album. Le label américain DYS était un temps le plus probable partenaire, mais se désista durant l’été.

C’est alors que le groupe eut l’idée de se tourner vers le label suisse Hat Hut. Bien que très orienté sur le jazz d’avant-garde, le label venait de sortir l’album Catalogue de Jac Berrocal. Avec Gilbert Artman (drums) et Jean-François Pauvros (guitare électrique) , Berrocal jouait un cocktail détonant de free-rock, très improvisé, à la fois sauvage et subtil. Alésia Cosmos était fan et se voyait très proche, une sorte de cousinage assez rapproché…

Alors après tout, le label suisse serait peut-être intéressé… La cassette envoyée éveilla immédiatement l’intérêt du label. Une semaine après, la réponse tombait. Le label proposait de sortir l’album dans la collection Hat Art. Tout comme pour l’album de Berrocal, le coffret devrait malgré tout être augmenté au moins d’un single, d’un maxi 45t, en bref d’une deuxième galette, pour pouvoir figurer dans la collection.

Le groupe se retrouva à nouveau, mais cette fois-çi au Studio Weekend à Gambsheim (Alsace), toujours sous la houlette de Guy Mas et Jean-François Issenmann. ils enregistrèrent et mixèrent rapidement 4 titres pour ce qui devait être initialement un maxi 45t. Le label proposa de faire de cet ajout la face C d’un double 33t. La 4ème, la face D serait gravée d’un sillon silencieux.

C’est ainsi qu’au début de 1985, dans la collection Hat Art, parut Aeroproducts, le deuxième album d’Alésia Cosmos. Longtemps épuisé, depuis plus de 15 ans, Aeroproducts sera réédité sous une forme augmentée et remastérisée en 2019.

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